Dodge Journey 2011: On rêve tous d'une Ferrari…
Au Salon de l’auto de Montréal, en janvier 2010, un jeune couple s’arrête au kiosque du Guide de l’auto pour s’informer sur l’Audi Q5. Au fil de la conversation, on en vient à parler du nouveau Chevrolet Equinox et, enfin, du Dodge Journey. Tout à fait par hasard, j’ai rencontré de nouveau ce même couple au Salon de l’auto de Québec, deux mois plus tard. Devinez quoi? Ils s’apprêtaient à faire l’achat d’un Journey! Entre le rêve et la réalité, il y a parfois un décalage…
Remarquez que ce couple, dont la femme était de plus en plus enceinte au fil des salons, n’a pas fait un mauvais choix. Tout d’abord, la carrosserie a été légèrement revue, pour le mieux, et les dimensions du véhicule sont tout à fait acceptables. Plus long, plus large et plus haut que les Kia Rondo et Mazda5, tout en étant moins massif qu’une Dodge Grand Caravan, le Journey pourrait, s’il possédait des portes latérales coulissantes, mériter l’appellation de minifourgonnette.
Du bon… et du moins bon
L’édition 2011, récemment dévoilée, propose un tout nouveau tableau de bord, réglant ainsi l’un des problèmes les plus criants du modèle précédent. En effet, bien peu appréciaient les jauges au style rétro et la piètre qualité des matériaux.
L’habitacle, on s’en doute, est passablement grand, suffisamment en tout cas pour offrir trois rangées de sièges, fort confortables. Accéder aux sièges avant de manière élégante demande une certaine habitude puisqu’ils sont placés assez loin à l’intérieur du véhicule. La position de conduite se trouve facilement et la vision périphérique est excellente… sauf vers l’avant, gracieuseté des piliers très larges du pare-brise. Pour voir en arrière, on peut se fier à de grands rétroviseurs extérieurs.
S’il est un point où le Journey mérite une étoile dans son cahier, c’est au niveau des espaces de rangement. On ne finit plus d’en découvrir de nouveaux! Deux coffres à gants, un bac sous le siège du passager avant de certaines versions, sous le plancher des places arrière, etc. Les sièges de la deuxième rangée offrent beaucoup d’espace et de confort tandis que ceux de la troisième rangée, optionnelle, ne sont pas si mal… pour des sièges de troisième rangée! Quant au coffre, lorsque les dossiers de la troisième rangée sont relevés, l’espace y est forcément réduit mais pas autant que dans celui de la Mazda5 ou du Kia Rondo, par exemple. Une fois ces dossiers rabattus, de la place, il y en a!
Un moteur ou l’autre, vous savez…
Pour mouvoir le Journey, Dodge fait appel à un quatre cylindres de 2,4 litres qui se tirerait mieux d’affaire si l’on ne lui avait pas foutu dans les pattes une transmission à quatre rapports qui change rarement de rapports au bon moment. Malgré tout, les performances sont correctes, tout comme la consommation d’essence… lorsque seul le conducteur est inclus! Ajoutez quelques passagers avec bagages et le commentaire sera tout autre!
Le Journey 2011 se distingue surtout grâce au V6 Pentastar, un moteur qui se répand dans la gamme Chrysler aussi rapidement que la grippe en janvier. Ce 3,6 litres fait 283 chevaux et 260 livres-pied de couple, ce qui donne des ailes au véhicule! Et il promet de consommer moins que l’ancien 3,5. Par contre, il permet de remorquer moins qu’avant (2 500 livres contre 1 000 pour le 2,4). L’ancien pouvait tirer jusqu’à 3 500 livres. Ce moteur est associé à une transmission automatique à six rapports beaucoup plus compétente que celle qui accompagne le quatre cylindres. Contrairement au Mazda5 et au Rondo, le Journey propose le rouage intégral sur certains modèles, ce qui lui vaut assurément plusieurs ventes.
Le Journey est construit autour du châssis allongé de la Chrysler Sebring et l’on a davantage l’impression de conduire une auto qu’une camionnette. De là à dire qu’il adopte un comportement sportif, il n’y a qu’un pas. Un pas qu’il ne faut surtout pas franchir! Les suspensions sont invariablement trop souples, même sur le modèle R/T, supposément plus sportif. La direction brille d’imprécision et les freins sont incapables de stopper le véhicule dans des distances correctes. Il faut dire que chausser un véhicule de pneus d’origine qui sont à peine bons pour une brouette ne peut pas créer de miracle!
Donc, inutile de vouloir jouer les Andrew Ranger au volant du Journey. L’avant veut continuer tout droit et, de toute façon, le siège du conducteur n’offre aucun soutien, ce qui ralentit aussitôt les ardeurs. Les différents systèmes de contrôle de la traction et de la stabilité latérale interviennent avec l’autorité d’un vieux Frère du Sacré-Cœur, une règle en bois dans les mains. Alors, si vous prévoyez un peu d’excitation lors de vos randonnées, optez plutôt pour une version à quatre cylindres, qui s’avère un peu plus agile, en raison de son poids moins élevé.
Le constat, jusqu’ici, peut paraître dur, mais il ne faut pas oublier que le Journey est vendu à prix vraiment bas. Voilà qui fait pardonner bien des petits défauts…
Sur le marché depuis presque quatre ans, le Journey vient de connaître des changements importants qui devraient lui assurer un avenir plus rose, bien qu’il n’ait pas été gris foncé auparavant. Ces modifications lui apportent cependant une crédibilité qu’il n’avait pas. Souhaitons que cela augmente sa valeur de revente…
Depuis quelques années, plusieurs personnes s’étaient prises à rêver d’une version SRT. Selon les dernières rumeurs, elles seront déçues. Dommage. L’utilité et les performances auraient pu faire, dans le cas du Journey, un sapré beau duo!
Feu vert
Dimensions correctes
Nouveau tableau de bord
Nombreux espaces de rangement
V6 3,6 litres performant
Prix bien étudiés
Feu rouge
Valeur de revente déprimante
Fiabilité imparfaite
Transmission à quatre rapports (4 cyl)
Freins de bicyclette