Nissan Frontier / Suzuki Equator 2011: Séparés à la naissance
Les associations entre constructeurs pour partager un modèle ou un autre ont parfois de curieuses ramifications. Prenez le cas du Suzuki Equator qui n’est rien d’autre qu’un Nissan Frontier arborant un écusson différent. Le plus cocasse dans cette situation, c’est que Suzuki est associé au groupe Volkswagen tandis que Nissan appartient à Renault qui vient tout juste de signer une entente avec Mercedes-Benz. Mais peu importe les alliances, il est certain que l’Equator ne cassera rien sur le marché.
Nous sommes même en droit de nous demander qui a eu l’idée d’un modèle aussi farfelu que cette camionnette roulant sous un nom d’emprunt!
Comme le Saint-Esprit
Cette camionnette Suzuki est un peu comme le Saint-Esprit. Les catholiques savent qu’il existe, mais sans jamais être capable de le représenter si ce n’est sous la forme d’une colombe. Eh bien l’Equator, est un peu comme ça. On sait qu’il existe, mais ses apparitions sont fort rares aussi bien sur nos routes que dans les salles de démonstration des concessionnaires. En fait, chaque concessionnaire a le choix d’en offrir ou pas. Et compte tenu des faibles chiffres de ventes de cette camionnette depuis son arrivée sur le marché, on peut conclure que la plupart n’en veulent pas… Ce n’est pas parce que le produit n’est pas de qualité, mais pourquoi acheter sa camionnette Frontier chez Suzuki alors qu’on peut le faire pour trois bonnes raisons chez Nissan ? La première : le choix proposé par Suzuki est assez mince aussi bien en fait de type de carrosserie et d’équipements que de couleurs. La deuxième : les concessionnaires Nissan ont une bien meilleure connaissance de ce produit au chapitre des réparations et de l’entretien. Et la troisième : il est certain que la valeur du Frontier sera supérieure. Une fois de plus, les grands penseurs de Suzuki ont trouvé le moyen de commercialiser un véhicule qui n’a pas beaucoup de chances de réussir. Et puis, dites-moi, avez-vous déjà vu une publicité de Suzuki vantant les mérites de cette camionnette ?
Pourquoi ?
Si Suzuki ne dépense rien pour la publicité de cette camionnette Frontier roulant sous un nom d’emprunt, on ne peut pas dire non plus que Nissan ait cassé sa tirelire en fait de marketing pour ce produit. Pourtant, le Frontier n’est pas dépourvu de qualités et il est capable de soutenir la comparaison avec les meilleurs de la catégorie. C’est un des nombreux mystères chez ce constructeur. Laissons le marketing de côté pour revenir au produit. En tout premier lieu, la plate-forme est excellente. Elle est partagée avec le Pathfinder et le Xterra, et il s’agit d’une version à plus petite échelle du châssis du gros camion Titan. Et même si sa silhouette commence à démontrer des signes de vieillesse, elle est toujours au goût du jour. Soulignons au passage que seuls les modèles à cabine allongée (King Cab) et double (Crew Cab) sont commercialisés. De plus, les places arrière de ce dernier modèle sont assez limitées par rapport à ce que les Ram Dakota et Toyota Tacoma proposent.
Le pilote est assis dans un siège confortable et a devant lui deux cadrans de lecture facile, avec chiffres blancs sur fond noir. Les branches horizontales du volant accueillent les commandes de la téléphonie mains libres, du système audio et du régulateur de vitesse. Il faut toutefois déplorer la qualité des matériaux et de la finition qui est décevante pour un produit Nissan.
Le moteur équipant les modèles moins cossus est un quatre cylindres de 2,5 litres dont la réputation n’est plus à faire. Robuste et frugal, il est couplé à une boîte manuelle à cinq rapports tandis que l’automatique à cinq rapports est optionnelle. Celle-ci est la seule disponible si vous commandez le moteur V6 4,0 litres de 261 chevaux. La transmission intégrale ne peut être commandée qu’avec ce moteur. Si le rendement et les performances de ce V6 sont supérieurs à la moyenne pour cette cylindrée, sa consommation l’est aussi… Il devient alors plus logique de choisir une camionnette d’une autre marque propulsée par un moteur V8 plus puissant et moins gourmand.
Étant donné que son châssis est dérivé de celui du Titan, on n’a pas à craindre en fait de robustesse et de rigidité. L’acheteur a le choix entre une multitude de variantes qu’il s’agisse du King Cab à cabine allongée ou du Crew Cab quatre portes. Et si la caisse est dotée d’un battant outrageusement lourd, il est possible de recouvrir le fond de la caisse d’un enduit protecteur.
Sur la route, le Frontier est agile est relativement agréable à conduire. Par contre, sa suspension sera jugée ferme par plusieurs tandis que son diamètre de braquage démesurément long remet les virages en trois points au goût du jour. Quant au rouage 4X4, il est à temps partiel et se règle par un bouton rotatif. Sont également disponibles les systèmes de contrôle de descente et de démarrage de pente, lesquels sont activés par le conducteur.
Somme toute, le Frontier mérite un meilleur sort que celui qui lui est réservé par son constructeur.
Feu vert
Robustesse assurée
Cabine confortable
Bons moteurs
Choix d’empattements
Caisse Utili-track
Feu rouge
Moteur V6 gourmand
Diamètre de braquage
trop important
Finition perfectible
Silhouette vieillissante
Ignoré par le marketing