Au volant de la Dodge Viper 2008 !
Le 7 septembre 2007, nous vous présentions notre essai de la "nouvelle" Viper, qui s'appelait encore Dodge. Il en a coulé de l'eau sous les ponts depuis le temps! En décembre dernier, Marc Lachappelle nous livrait ses impressions sur la SRT Viper, la vipère la plus récente, la plus puissance et la plus civilisée. Comme le présent est toujours l'avenir d'hier, il fait bon revoir ce qu'on pensait de la Viper 2008, il y a déjà plus de cinq ans...
General Motors a répliqué, et la Z06 ne serait certainement pas commercialisée si la Viper n’était pas là. Et la bataille des chevaux-vapeur se poursuit de part et d’autre. Selon la rumeur, une super Corvette serait lancée en 2009 et sa puissance frôlerait les 650 chevaux ! En attendant, la division Dodge de Chrysler a concocté une nouvelle version de la Viper Coupé et il s’agit d’une réplique à la Z06. Et si les changements esthétiques sont assez peu marquants, la mécanique cogne fort.
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De l’air ! De l’air !
Une sportive a beau avoir le plus gros moteur qui soit, il ne sera pas performant si son alimentation en air est déficiente. Puisque la cavalerie sous le capot est plus imposante que jamais, elle doit être alimentée et refroidie avec de l’air. C’est ce qui explique la prise d’air surdimensionnée placée au centre du capot. Elle permet de refroidir le moteur, tandis que les six ouvertures pratiquées sur le capot ont pour fonction d’extraire la chaleur dégagée par le nouveau V10 dont la cylindrée a été portée à 8,4 litres. Le reste de la carrosserie est inchangé tout comme l’habitacle qui est conforme à celui des Viper 2007. Ce qui signifie que l’habitabi-lité est moyenne, mais c’est quand même plus spacieux, mieux fini et plus confortable que les modèles de la première génération. Précisons toutefois que les bas de caisse deviennent très chauds en raison de la présence des tuyaux d’échappement et il faut donc sortir de l’habitacle avec précaution.
Toujours proposée en versions coupé et roadster, la Viper 2008 demeure fidèle au concept original et continue d’offrir un rapport performances/prix à couper le souffle, avec 600 chevaux pour moins de 100 000 dollars. Mieux encore, cette année, le prix a été sérieusement révisé à la baisse puisqu’il est passé de près de 130 000 $ à moins de 100 000 $, tout un rabais !
Pourtant, ce n’était pas nécessaire, car la totalité de la production 2008 est déjà vendue d’avance, plusieurs propriétaires actuels de Viper ayant passé leur commande il y a longtemps afin d’obtenir le nouveau modèle de 600 chevaux. Il faut souligner que cette voiture sera toujours un véhicule à diffusion limitée : moins d’une centaine de voitures par année seront allouées aux concessionnaires canadiens.
0-100 km/h = moins 4 secondes
En Amérique du Nord, la suprématie des voitures de performance est jugée par le temps d’accélération du 0-60 MPH. Puisque le Canada a adopté le système métrique, notre 0-100 km/h est l’équivalent du 0-62 MPH.
C’est tout un défi qui a été lancé aux ingénieurs oeuvrant au sein du groupe SRT (Street and Racing Technology) chez Chrysler. Quoi qu’il en soit, ceux qui ont présidé au développement de ce nouveau moteur avaient également d’autres objectifs tout aussi fumants les uns que les autres : un moteur de 600 chevaux, un chrono de 0-60 milles à l’heure en moins de 4 secondes, une vitesse maximale de 200 milles à l’heure (322 km/h), un freinage de 60 milles à l’heure à un arrêt complet en moins de 30 mètres, et une accélération latérale de 1,05 G en virage.
Et le plus impressionnant est que tous ces objectifs ont été atteints. Ce qui rend cette Dodge ultramusclée encore plus spéciale. Surtout en raison du prix demandé.
Ces chiffres de performances sont authentiques, mais je doute fort que les acheteurs de ces bolides soient en mesure d’exploiter toute cette puissance et cette performance. En fait, ce n’est que sur une piste qu’il est possible de découvrir tout le potentiel de ce coupé.
La Viper au paradis
Pour nous permettre de mettre cette nouvelle Viper sérieusement à l’épreuve, les responsables de ce projet nous ont invités au circuit de Virginia International Raceway. Peu connu du grand public, il est quand même l’un des plus appréciés par les connaisseurs. D’ailleurs, Paul Newman, le pilote de course, propriétaire d’écurie en Champ Car et célèbre acteur, le décrit en ces termes « S’il y a un paradis sur terre, c’est le circuit de Virginia International Raceway ! »
Dès la sortie des puits, on sent toute la puissance du moteur qui catapulte littéralement la voiture en avant avec une facilité absolument déconcertante. Ici, l’expression américaine « There’s no substitute for cubic inches » prend tout son sens, alors que le V10 monte en régime avec une sonorité croissante. De ce côté, il faut préciser qu’il est très facile de faire « décoller » la Viper 2008 qui est maintenant dotée d’un embrayage à deux disques, qui est beaucoup plus simple à actionner parce qu’il demande moins d’efforts. De plus, elle est dorénavant munie d’un différentiel à glissement limité qui joue parfaitement son rôle en permettant que toute la puissance du moteur soit livrée à la route. C’est justement lors de la sortie des virages que l’on apprécie le travail de cet accessoire qui aide le conducteur à bien exploiter les 600 chevaux avec un dosage précis de l’accélérateur.
Les puristes vont certainement aimer le fait que la Viper 2008 soit encore totalement dépourvue des « anges gardiens » électroniques comme la traction asservie ou le contrôle électronique de la stabilité, il faut donc l’apprivoiser et réchauffer correctement les pneumatiques avant d’aller chercher ses limites. La Viper 2008 fait partie de ces voitures qui sont radicales au point de commander le respect. Au fil des tours, le point faible le plus critique est rapidement devenu évident, soit la performance au freinage. C’est tout de même curieux puisqu’elle est toujours équipée d’un système de freinage mis au point par les experts de Brembo en Italie, une marque dont la réputation n’est plus à faire. Si les freins n’ont affiché aucune faiblesse en conduite ordinaire, leur efficacité diminuait légèrement tour après tour, ce qui est normal. Mais il devenait difficile de bien sentir l’effort de freinage maximal avant l’intervention du système ABS, la pédale de frein ne donnant pas beaucoup de feedback. Il fallait donc appuyer très fermement sur les freins ce qui provoquait l’entrée en action du système ABS et entraînait automatiquement l’allongement des distances de freinage.
Mis à part ce trait de caractère dérangeant, piloter une Viper sur un circuit relève du pur délice, car il m’a été relativement facile d’initier de belles glissades en entrée de virage en faisant un transfert de poids vers l’avant pour ensuite compléter la glisse en profitant des 600 chevaux sous le pied droit... Cette série de tours m’a permis de jouir au maximum de l’approche retenue par Dodge pour la mise au point de la plus récente Viper.
Bref, c’est une pure et dure destinée aux pilotes qui en veulent sous le pied et qui sont capables de subir des émotions fortes à son volant en tentant d’en découvrir les limites sur un circuit routier. D’ailleurs, dans l’article de la page 58, nos envoyés ont passé une journée avec le Club Viper du Québec. Ce groupe de mordus qui dévouent passion et fidélité à ce bolide au nom reptilien ont passé le week-end a s’amuser au volant de leur voiture sur le nouveau circuit de Calabogie au nord d’Ottawa