Nissan Pathfinder 2011: Grand-papa Pat
Même s’il n’est plus la « saveur du mois » depuis longtemps, il ne faut pas voir le Nissan Pathfinder comme une antiquité. Il faut plutôt le considérer comme un regard sur un passé pas si lointain où les VUS purs et durs avaient la cote. L’Humain, un jour, a enfin compris qu’un confort de camion et des capacités hors route de tank ne lui apportaient pas le bonheur tant attendu. Est donc venue la folie des multisegments, promesse de raffinement et, surtout, d’un monde meilleur car moins pollué. Pas de danger, par contre, que l’Humain cherche le bonheur du côté des compactes ou des souscompactes, ces indigentes voitures l’éloignant du but ultime…
Curieusement, dans ce monde de raffinement, des véhicules costauds comme le Pathfinder ont toujours leur place. Plusieurs personnes ont besoin de remorquer de lourdes charges, que ce soit pour des exigences familiales ou professionnelles. De plus, lorsqu’elles doivent le faire dans des sentiers plus ou moins passables, il leur faut compter sur un véhicule qui ne s’évanouira pas à la vue du premier trou d’eau. Conclusion, les vieux ont toujours leur place…
Quand ton père s’appelle Ti tan et ta mère Armada…
Puisque le Pathfinder est bâti sur la plate-forme modifiée des immenses Titan et Armada, il ne faut pas être surpris que ses dimensions soient aussi d’une autre époque. Certes, il y a un problème quand vient le temps de se stationner dans un espace réduit, mais c’est une bénédiction pour ceux qui aiment voyager sans côtoyer leur voisin ou la portière. Je n’ai eu aucune difficulté à trouver une bonne position de conduite même si le volant ne s’ajuste pas en profondeur. Le tableau de bord est simple et bien exécuté, les jauges sont lisibles et tous les boutons et commandes se manipulent aisément. Cependant, la disposition des boutons du système audio est déroutante : celui du volume est placé près du conducteur tandis que celui des stations est situé à l’autre bout du monde. Mais comme défaut, on a déjà vu bien pire. Le gros Pat a beau avoir de l’âge, cela ne l’empêche pas d’être correctement assemblé et de posséder des matériaux généralement de belle facture… pour un VUS datant de quelques années ! En passant, soulignons que les espaces de rangement sont nombreux : au tableau de bord, sous l’assise des sièges de la deuxième rangée et sous le plancher du coffre.
Les sièges avant, de même que ceux de la deuxième rangée, s’avèrent très confortables, mais ceux de la troisième rangée sont aux antipodes et ne doivent être utilisés que pour dépanner. Lorsque les dossiers de cette rangée sont relevés, l’espace de chargement est acceptable mais, bien entendu, il est possible d’obtenir un grand fond plat en abaissant tous les dossiers.
L’essencisme, vous connaissez ?
Côté moteur, Nissan fait confiance à un V6 de 4,0 litres de 266 chevaux au couple généreux. Souple et agréable à écouter en pleine accélération, ce moteur est atteint d’une bien terrible maladie : l’essencisme, une intoxication par les boissons à essence. Contrairement à l’alcoolisme, ça ne se traite pas. D’autant plus que je n’ai encore jamais vu un Pathfinder reconnaître son problème. En fait, il n’y a qu’une seule façon d’empêcher sa soif, c’est de le laisser le plus souvent possible dans l’entrée… Durant une année environ, Nissan proposait aussi aux Canadiens un V8, rendu encore plus bas dans son essencisme. Il continue de s’enivrer aux États-Unis. Avec son V6, le Pat peut remorquer jusqu’à 6 000 livres (2 722 kilos), ce qui n’est pas mal du tout. Cependant, le V8, malgré sa consommation de dégénéré, était apprécié de ceux qui devaient tirer jusqu’à 7 000 livres (3 175 kilos). La transmission est une automatique à cinq rapports avec mode manuel. Les Américains ont droit à une version deux roues motrices mais, au Canada, Nissan a préféré n’offrir que le rouage 4x4 et c’est sans doute une bonne décision. Un bouton au tableau de bord permet de choisir entre les modes 2WD (propulsion), Auto (intégrale sans intervention du conducteur), 4H (quatre roues motrices) ou 4L (quatre roues motrices avec démultiplication). Le Pathfinder n’est peut-être pas aussi agile qu’un Jeep Wrangler dans les situations vraiment corsées mais si toutefois vous restez pris avec, c’est un bulldozer que ça vous aurait pris !
On s’en doute, le gros Pat n’est pas particulièrement sportif. En virage, la caisse penche et on ne se sent pas des plus rassurés. Pourtant, il s’accroche au pavé avec ferveur et la précision de la direction surprend. Les ingénieurs des suspensions ont trouvé le bon calibrage entre confort et tenue de route. Les freins, par contre, nous rappellent que nous avons affaire à un véhicule de plus de 2 000 kilos, haut sur pattes en plus.
Au fil des années, et en particulier depuis sa remise à jour en 2008, le Pathfinder a évolué au gré de la concurrence. Ainsi, il présente maintenant six coussins gonflables de série. Au moment d’écrire ces lignes, le prix de l’essence joue entre de 1,03 $ et 1,06 $ le litre. Dès que les prix augmenteront (ce qui est peutêtre fait au moment de mettre sous presse), il y aura plusieurs Pathfinder sur le marché de l’usagé…
Feu vert
V6 bien adapté
Habitacle accueillant
Rouage 4x4 professionnel
Comportement routier correct
Très bonnes capacités de remorquage
Feu rouge
V6 assoiffé
Dimensions intimidantes
Troisième rangée de sièges restreinte
Version de base très de base
Freins ordinaires