Suzuki SX-4, problème de crédibilité
La marque Suzuki a beau avoir une excellente réputation pour ses motos, VTT et même pour les courses (rallyes), en Amérique, elle n’a toujours pas réussi à acquérir une véritable crédibilité au chapitre de l’automobile. La Suzuki Aerio, dévoilée en 2003, devait remédier à ce problème mais, pour des raisons que nous n’aborderons pas ici, elle n’a jamais livré la marchandise... Et Suzuki vient de la virer, pour faire plus de place à la SX-4, nettement supérieure.
Esthétiquement, la nouvelle Suzuki se rapproche passablement d’une Subaru Impreza qui aurait perdu quelques centimètres à l’arrière. Les versions JX et JLX, les plus huppées, reçoivent des moulures de bas de caisse qui entourent aussi les puits de roue. Cet artifice améliore considérablement le look mais nous y voyons une invitation à la rouille. Et la rouille, c’est comme une conjointe qui tient un pinceau dans les mains et nous regarde en souriant : moins on voit ça, mieux c’est…
L’habitacle aussi fait preuve d’originalité et de bon goût. Les plastiques montrent généralement une belle qualité et les différents panneaux sont bien assemblés. Les boutons de la climatisation et de la radio sont suffisamment gros pour être manipulés avec des gants d’hiver, ce qui n’empêche pas la radio de posséder une sonorité archiordinaire et la climatisation d’être difficilement modulable. C'est-à-dire qu’en plein hiver, avec un gros manteau sur le dos, vous avez le choix entre crever de chaleur ou être transi de froid. D’autres personnes n’ont pas connu ce type de problème, alors il faut sans doute mettre la faute sur l’andropause du journaliste... Parmi les autres notes discordantes, mentionnons que les commandes placées sur le volant ne sont pas éclairées et que les sièges chauffants ne sont pas disponibles, même en option.
L’espace habitable s’avère très vaste compte tenu du gabarit de la voiture. Les sièges avant se montrent confortables, mais ils gagneraient à être ajustables en hauteur et à mieux supporter les cuisses. Les passagers montant à l’arrière ne sont pas en reste puisque le dégagement pour les jambes et la tête est généreux. De plus, la place centrale est confortable! Le hayon s’ouvre bien haut sur un bel espace de chargement malgré un seuil élevé. Il est possible de replier les sièges arrière pour augmenter substantiellement l’espace. Pour ce faire, il faut rattacher ces sièges au dossier des sièges avant à l’aide d’une courroie. Du raboudinage que ça s’appelle… L’insonorisation est réussie… à l’avant! En effet, le bruit de l’échappement est très audible lorsqu’on est assis à l’arrière. Et comment passer sous silence les essuie-glaces d’origine qui ont autant d’aptitudes à se départir de la neige et de la glace qu’un Boeing à faire du slalom entre des poteaux de téléphone.
Trois modes d’entraînement
Côté mécanique, un seul moteur est offert. Il s’agit d’un quatre cylindres de 2,0 litres qui développe 143 chevaux. Deux transmissions sont disponibles, soit une manuelle à cinq rapports ou une automatique à quatre rapports. Là où ça devient intéressant, c’est au niveau du rouage d’entraînement. La version de base de la SX-4 est une traction (roues avant motrices). De leur côté, les JX et JLX sont dotées de la traction intégrale, optionnelle dans le cas de la JX. Et le plus beau, c’est que ce système peut être jumelé aussi bien à la transmission automatique qu’à la manuelle. Un commutateur, placé près du frein à main sur la console centrale, laisse le conducteur choisir entre les roues avant motrices, AWD ou Lock. Dans la première éventualité, bien entendu, ce sont les roues avant qui permettent au véhicule d’avancer. En mode AWD, la SX-4 devient une intégrale dont le fonctionnement est transparent. Enfin, le mode Lock permet de verrouiller le différentiel arrière. Ce mode se désactive dès que la voiture atteint 60 km/h. Essayé durant la première vraie bordée de neige de l’année, le mode AWD nous a prouvé son sérieux, d’autant plus que notre voiture était munie de bons pneus d’hiver. Ce système n’est pas aussi sophistiqué que ce que Subaru offre, mais il est tout de même drôlement efficace, à un coût bien moindre. N’oubliez pas de désactiver le mode AWD lorsqu’il n’est pas requis. La consommation d’essence s’en ressent passablement!
Automatique ou manuelle?
Le 2,0 litres est dérivé du 2,3 litres de l’Aerio. Ce moteur n’est pas des plus nerveux ni des plus doux. C’est lorsqu’il est arrimé à la manuelle qu’il se sent le plus à l’aise. Cette dernière est agréable à manipuler mais l’étagement du dernier rapport nous laisse perplexes. À 100 km/h, sur le cinquième rapport, le moteur tourne à 3 000 tours/minute, ce qui est beaucoup trop vite pour une voiture économique. Le fonctionnement de l’automatique fait preuve de douceur mais handicape un peu les performances. Sur la route, le comportement de la SX-4 démontre de belles aptitudes. En mode traction, la voiture affiche un certain sous-virage mais, à moins de pousser vraiment, ce n’est pas dérangeant. En mode AWD, la tenue de route est un peu plus neutre. Le système de stabilité ESP, emprunté à DaimlerChrysler, est optionnel sur la JLX uniquement.
Malgré ses quelques défauts, somme toute bénins, la Suzuki SX-4 est fort bien née. De plus, elle s’avère pratiquement une pionnière dans un créneau qui n’est presque pas encore occupé. Une version berline, présentée au Salon de l’auto de New York est sur le point d’être proposée au public. La partie arrière peut laisser perplexe, mais ce nouveau modèle devrait remplacer avec succès l’Aerio. La quoi? On l’a déjà oubliée…
Feu vert
Lignes agréables, système AWD performant,
habitacle relativement spacieux, châssis solide,
comportement routier sain
Feu rouge
Consommation décevante en AWD, valeur de revente à confirmer,
antirouille d'usine mal appliqué, manuelle mal étagée pour autoroute,
moteur plus ou moins bien adapté