Carrefours giratoires... ou l'art de (bien) tourner en rond!
Mine de rien, à peu près toutes les régions du Québec comptent au moins un giratoire. Voilà qui fait de la Belle Province la plus fervente du concept au Canada. Mais encore faut-il que les Québécois apprennent maintenant à les utiliser convenablement!
Les carrefours giratoires sont ces aménagements de voies entourant un îlot central où la circulation se fait à sens unique (contraire aux aiguilles d’une montre). Si la France en compte plus de 30 000, le Québec n’en dénombre qu’une cinquantaine – soit plus du tiers des giratoires canadiens, contre le quart pour la Colombie-Britannique et un cinquième pour l’Ontario.
Les giratoires sont appelés à croître chez nous parce que, disent les études internationales, ils proposent un atout versus une intersection avec arrêt ou feux de circulation : ils forcent la réduction de la vitesse des véhicules, ce qui contribue à diminuer le nombre d’accidents.
Si accident il y a quand même, ce sont des collisions avant-arrière, celles qui font moins de victimes et de dommages matériels que les collisions à angle droit survenant aux intersections. L’américaine National Cooperative Highway Research Program rapporte d’ailleurs que là où les intersections ont cédé la place à des carrefours giratoires, les accidents avec blessés ont diminué de moitié. L’Insurance Institute for Highway Safety y va encore plus fort en soutenant que ces giratoires ont réduit de 90% (!) les collisions avec blessés graves ou décès.
Oui, mais…
En théorie, les giratoires permettent la fluidité de la circulation puisqu’une fois engagés, les véhicules ne doivent jamais s’y immobiliser. Mais voilà, le conducteur moyen de chez nous ne sait pas toujours comme les aborder, ces giratoires.
C’est qu’ils sont nouveaux dans le paysage automobile – contrairement à l’Europe, où ils font partie intégrante du réseau routier depuis un siècle. (Pour la petite histoire, sachez que l'invention du « carrefour à giration » revient à l'architecte français Eugène Hénard, qui a conçu l'aménagement de la place Charles de Gaulle – anciennement place de l’Étoile – autour de l’Arc de Triomphe à Paris, en 1906. À ce jour, il s’agit du plus important carrefour giratoire du monde avec 12 sorties.)
Mais retour au Québec, où deux ingénieurs ont voulu voir comment leurs compatriotes automobilistes se comportaient à l’approche des giratoires. Ils ont donc filmé une dizaine de carrefours pendant plusieurs heures, réparties sur une période de deux ans.
Le constat est inquiétant :
Des agissements « délinquants » se produisent à toutes les deux minutes;
Les trois quarts des conducteurs ne respectent pas la priorité;
La moitié s’arrête sans raison. La moitié, imaginez!
À intégrer dans nos mœurs
Le giratoire, surtout à plusieurs voies, doit donc être apprivoisé. Voici comment, explique Transports Québec :
- Un véhicule qui souhaite emprunter la première sortie du carrefour giratoire doit, avant de s’y engager, actionner son clignotant droit. Puis, il s’insère sur l’anneau extérieur. Un quart de tour plus loin, il emprunte sa sortie, son clignotant droit toujours en opération.
- Le véhicule qui veut poursuivre tout droit (sortie au demi-tour) s’insère dans le carrefour sans faire usage de son clignotant. Il peut emprunter tant la voie intérieure qu’extérieure de l’anneau. Une sortie avant la sienne, il signale sa manœuvre de son clignotant droit, pour ensuite prendre sa sortie.
- Enfin, un véhicule qui veut emprunter la dernière sortie (donc, qui fera presque un tour complet) doit, avant de s’engager dans le giratoire, actionner son clignotant gauche. Puis, il s’engage sur l’anneau intérieur. Une sortie avant la sienne, il actionne son clignotant droit pour signaler sa manœuvre, il vient s’insérer dans l’anneau extérieur et, enfin, il emprunte sa sortie.
Qui a priorité?
Qu’on l’on souhaite emprunter la 1ère, la 2e ou l’énième sortie d’un giratoire, il faut respecter certaines règles de base. D’abord, la circulation s’y fait dans le sens contraire des aiguilles d’une montre (eh oui, certains automobilistes les abordent ‘à l’envers’…). Et comme partout ailleurs, mieux vaut respecter les vitesses recommandées.
À l’approche d’un carrefour, l’automobiliste doit ralentir afin de vérifier si la voie dans laquelle il veut s’engager est libre. C’est à lui de céder le passage, quitte à devoir s’immobiliser à l’entrée du giratoire (jamais dans le carrefour) en cas de circulation très dense.
Répétons pour que ça soit bien compris : la priorité est à ceux qui roulent déjà dans le carrefour, non pas à ceux qui y entrent. D’ailleurs, il suffit de jeter un œil au panneau « Cédez » orné de flèches tournantes installé en approche de chaque giratoire pour s’en rappeler.
Aussi, il faut savoir où l’on s’en va si l’on veut planifier – et exécuter sa sortie. Pour ce faire, on consulte les panneaux de signalisation installés plusieurs centaines de mètres avant le carrefour. Pas certain(e) de celle que l’on doit emprunter ou « oups! », on vient de la manquer? Pas question de s’immobiliser dans le giratoire.
Répétons : on ne s’immobilise jamais dans un giratoire (sauf en cas de force majeure). Au pire, on refait un tour – et un autre, si besoin est.
Après tout, un carrefour, c’est fait pour tourner en rond, non?