Suzuki Kisashi Sport 2011: Nippone d'origine, conduite européenne
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Les constructeurs japonais ont la réputation de nous livrer des voitures fiables, bien assemblées, mais avec un agrément de conduite un peu moche pour les amateurs de volant sportif.
Suzuki, surtout connue pour ses modèles sous-compacts et compacts, nous propose la Kizashi qui se positionne dans le créneau très compétitif de la berline intermédiaire et qui cible les Toyota Camry, Subaru Legacy, Mazda6, Honda Accord, Volkswagen Jetta, Nissan Altima, Hyundai Sonata et Ford Fusion de ce monde. Afin de réaliser ses ambitions, le manufacturier est parti d’un tout nouveau châssis avec comme objectif de mettre un sourire à la figure des conducteurs. Afin d’atteindre ce but, le constructeur nippon ne se cache pas pour dire que l’on cible les européennes, reconnues pour leurs tenues de route et qui sont plus qu’un moyen de transport du point A au point B. Serions-nous à l’aube d’une nouvelle race de voiture : la JapEuro? C’est ce que nous allons voir…
Tout d’abord, cette Kizashi se décline en 3 modèles : la S à traction avec transmission CVT, la SX AWD à traction intégrale aussi pourvue d’une CVT et la Sport, une traction avec transmission manuelle à 6 rapports. Tous les modèles ont sous le capot le même moteur 4 cylindres de 2.4 litres.
Afin de bien évaluer la Kizashi Sport lors de notre essai, nous avons parcouru une centaine de kilomètres sur des routes sinueuses et montagneuses faisant partie du magnifique panorama des Laurentides. La destination finale fut l’aéroport de Mirabel, non pas pour nous payer un voyage au Japon (ce qui aurait été quand même bien, faut dire…) mais pour faire des essais sur piste au complexe de sports motorisés d’ICAR.
Sobre et sportive ?
Avant de prendre place à l’intérieur de l’une des plus compactes de la catégorie, on fait face à une voiture au look agréable, mais qui ne révolutionne rien avec des lignes que je qualifierais de sobres, surtout pour une version sportive. Le coffre a une capacité de 378 litres, ce qui est bien acceptable pour une voiture de ce gabarit. On peut en augmenter la capacité en abaissant les dossiers des places arrière de façon 60/40. Elle se différencie de ses deux congénères par des jantes en alliage d’aluminium de 18 pouces, par un pare-choc avant et une grille qualifiée de style sportif (on a déjà vu mieux), par un aileron arrière (assez discret) et par un maigre ajout de 5 chevaux, (pour un total de 185) mais qui partage le même couple de 170 livres/pied.
Une fois assis à l’intérieur, on apprécie sa position de conduite confortable et son tableau de bord fonctionnel agrémenté d’une excellente chaîne audio Rockford Fosgate à 9 haut-parleurs avec caisson de basse. On a également de bonnes notes pour la finition et la qualité des matériaux composant l’habitacle.
Après quelques kilomètres, notre surprise fut de constater l’agrément de conduite que cette intermédiaire nous procure. Du «drabe» japonais on passe au quasi-plaisir européen : châssis rigide, suspension ferme, mais pas du tout désagréable même sur routes endommagées, une insonorisation remarquable, une direction à assistance variable qui n’handicape pas le plaisir et une boîte de vitesses plaisante à manipuler sont ses plus grands atouts. Cependant, on aurait dû faire avaler plus que de la poussière de Viagra au moteur ordinaire de cette version Sport. Nous l’avons expérimenté nous-mêmes lors d’une tentative de dépassement, mais que nous avons dû avorter sous peine de faire partie de la chronique nécrologique. Disons qu’une pilule complète aurait été plus appropriée pour vraiment faire partie de la catégorie sportive. Pour ceux qui pensent au moteur V6, faites-en votre deuil. Suzuki y aurait pensé, mais selon les ingénieurs, l’équilibre de la voiture en aurait été affecté. Dommage de ne pas y avoir pensé à la planche à dessin lors du concept initial de ce nouveau châssis.
En piste
Notre balade campagnarde terminée, nous voici enfin prêts pour l’essai sur piste. Suzuki avait même mis à notre disposition une Mazda6, une Acura TSX, une Subaru Legacy, une Toyota Camry, une Honda Accord et une Nissan Altima pour fins de comparaison. Dame nature nous a fait cadeau de soleil et de pluie, ce qui nous a permis de comparer son comportement sous toutes les conditions. Poussée à la limite, même avec les systèmes de contrôle désactivés, la Kizashi dérape des 4 roues démontrant un équilibre dynamique hors du commun pour une traction. Imaginez maintenant avec le système ESP, un système développé par Daimler AG. Cette voiture nous fait paraître bien meilleur conducteur que nous ne le sommes réellement. Sur ce point, disons que Suzuki n’a pas à rougir devant ses compétiteurs. Au contraire, cette version Sport maintient bien la comparaison et tiendrait sans doute le haut du pavé lors d’un match comparatif, si on fait abstraction de son moteur anémique.
Bref, une voiture que l’on peut qualifier d’innovatrice en ce sens que c’est l’une des, sinon la première, japonaises qui vous rapproche le plus de la conduite européenne. Cependant, personne ne se serait attendu à que ce manufacturier réussisse l’exploit. Malheureusement, les amateurs de ce type de véhicule ne seront pas naturellement portés à se rendre chez un concessionnaire Suzuki afin d’en faire l’essai. Même avec toutes ses qualités, une Suzuki pour 29,495.00$ handicapée par une valeur de revente sous la moyenne de ses compétitrices, en fera sans doute reculer plusieurs. Une voiture intéressante, mais l’image de la marque ne porte pas le prestige que mérite cette Kizashi.
La suite
Est-ce que Suzuki a d’autres projets sur la table afin de consolider ce nouveau concept de JapEuro? Le 20% de parts détenues par Volkswagen y sont-elles pour quelque chose? En fait, je peux prétendre sans trop me tromper que si l’on prend en considération la forte compétition dans cette catégorie, d’autres manufacturiers asiatiques emboîteront le pas. Est-ce que la réponse des Européens sera des voitures à réputation plus fiable? Le meilleur des deux mondes enfin réunis? Nous, comme consommateurs et amateurs de conduite, ne pouvons que nous en réjouir.