Ford Mustang Bullitt 2019 : se prendre pour Steve McQueen
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L’amateur de voitures que je suis a dans son répertoire quelques films incontournables. D’abord, Gone in 60 seconds (La grande casse - l’original de 1973), Days of Thunder (Jours de tonnerre), Ronin, Rush, sans oublier les innombrables versions de Rapides et dangeureux. Or, Bullitt est clairement l’un des plus légendaires, ayant mis la barre très haute question poursuites automobiles. Rappelons que ce long métrage met en vedette Steve McQueen, qui prend le rôle de l’agent Frank Bullitt, lequel est impliqué dans une longue poursuite au volant de sa fabuleuse Ford Mustang GT 390 de 1968. Pourchassant des malfaiteurs qui, pour leur part, se déplacent à bord d’une Dodge Charger noire, Steve McQueen avait évidemment effectué l’ensemble de ses cascades lui-même, démontrant du coup ses talents de pilote.
La célèbre poursuite d’un film qui, outre mesure, n’avait rien de si exceptionnel, est aujourd’hui connue par tout amateur de voitures, particulièrement de ceux qui apprécient le muscle américain. Ne soyez donc pas surpris de voir Ford tirer avantage de ce succès, ce même constructeur avait à l’époque refusé de contribuer au film... D’ailleurs, vous remarquerez que la Mustang originalement utilisée dans le film était dépourvue de tout logo, à la demande du constructeur.
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La troisième du genre
Dans un passé pas si lointain, Ford avait aussi créé quelques éditions Bullitt de sa Mustang. Des modèles 2001-2003 et 2008-2009 qui ont bien sûr été fabriqués en édition limitée, et qui sont aujourd’hui recherchés par les collectionneurs. Pas de doute, le mythe entourant cette voiture est demeuré très fort, même après toutes ces années. Maintenant, afin de respecter la hiérarchie du modèle d’antan, il n’était pas question pour Ford de pousser la chose jusqu’à offrir une édition Bullitt d’une GT350 ou de la future GT500. On le fait uniquement sur une base de Mustang GT, en prenant soin de modifier quelques petits éléments qui la caractérisent fort bien.
Extérieurement, inutile de vous dire que l’on reprend la couleur Dark Highland Green originale. Et pour ceux qui ont cette teinte en horreur, il est également possible de commander la voiture en noir. Or, ce second choix vient un peu briser le mythe de la voiture qui, pour la plupart des adeptes, ne pourrait être commandée dans une autre teinte. Au fait, saviez-vous que Ford avait même osé en 2001 fabriquer la Bullitt en bleu? Celle-ci n’avait cependant été offerte qu’aux États-Unis et n’a été produite qu’à 722 unités.
La nouvelle Bullitt se démarque donc par une calandre unique, dépourvue de phares antibrouillards et ceinturée d’une fine moulure chromée, au même titre que la ceinture de fenestration. Jantes exclusives peintes en noir et ornementation Bullitt positionnée entre les deux feux arrière viennent aussi distinguer la voiture, qui se veut outre mesure assez discrète dans son approche. Du moins, esthétiquement.
Discrète? Pas tant que ça…
La discrétion n’est toutefois pas de circonstance au démarrage du moteur qui, grâce à un collecteur d’admission de Shelby GT350 et à un échappement légèrement modifié, émet une sonorité réellement envoûtante. D’ailleurs, en circulant à quelques reprises dans les rues de San Francisco où le film Bullitt a originalement été tourné, quelques résidents nous ont fusillés du regard, n’appréciant pas le vrombissement mécanique de cette Mustang... Soyez sans crainte, je n’ai néanmoins pas cru bon de faire crisser les pneus, faire sautiller le train arrière, ni laisser quelques centaines de pieds de traces de pneus sur la chaussée, comme l’avait fait Steve McQueen il y a cinquante ans!
Évidemment, le fait de conduire cette édition de la Mustang dans l’environnement où elle a pris naissance soulève les passions. Notre imagination nous permet d’incarner avec brio l’agent Bullitt, l’instant d’un moment, tout en voyant défiler dans notre tête les images du film. Un sentiment que peu de voitures sont en mesure de vous faire ressentir.
Avec ses 480 chevaux (20 de plus que la Mustang GT), la Bullitt procure des sensations pratiquement exotiques. Il faut dire que le V8 de 5,0 litres est ici très bien exploité, et marié à une boîte manuelle dont la précision est irréprochable. Maniable, agile et bien équilibrée, cette Mustang conserve bien sûr un caractère typiquement américain, mais peut se vanter d’être aussi agile qu’une bagnole allemande de renom vendue à prix plus élevé. En fait, pour obtenir ce niveau de performance, il vous faudra débourser facilement 15 000 $ de plus du côté d’Audi ou de BMW (coupés S5 ou 440i), tout en perdant une bonne dose de sensations. J’ajouterais que la réponse instantanée de l’accélérateur constitue ici un réel atout pour cette Mustang, alors que la concurrence affiche un délai qui amenuise grandement le plaisir de conduire.
À son volant, vous aurez le choix d’un comportement plus convivial, réellement sportif, ou même programmé pour l’accélération en ligne droite. Il suffit de sélectionner l’un des différents modes de conduite, ce qui affectera la fermeté de la suspension, la gestion de la puissance et bien sûr, la sonorité de l’échappement. Très rapide, la Bullitt s’immobilise également très facilement, grâce à l’apport des freins Brembo très performants, et extrêmement endurants.
Bienvenue à bord
Alors là, difficile de faire un parallèle entre l’habitacle de la Mustang GT 390 1968 et celui de l’édition Bullitt. Aujourd’hui, le niveau de luxe est tel qu’on surpasse celui de la concurrence germanique. Du moins, lorsqu’il est question de l’équipement de série. Sièges chauffants et ventilés, système audio B&O Play, système SYNC3 avec navigation et sellerie en cuir sont de série, la seule option étant celle des sièges Recaro, plus fermes, mais véritablement conçus pour la conduite sportive. Parmi les éléments dignes de mention, il y a un écran central configurable de 12 pouces, où l’animation au démarrage vous indique clairement au volant de quelle voiture vous vous trouvez. L’emblème Bullitt placé au centre du volant vient confirmer la chose, au même titre que ce logo numéroté, placé au-dessus du coffre à gants. Qui plus est, vous retrouverez à bord des surpiqûres vertes, discrètes, mais qui renforcent la personnalité du bolide.
En terminant, vous aurez remarqué sur les images que la nouvelle Mustang Bullitt est à côté de l’originale. Une des deux voitures ayant servi à la production, aujourd’hui propriété d’un citoyen du New Jersey, Sean Kiernan, qui a hérité de la voiture de son père en 2014, lequel en avait fait l’achat en 1974. Ce dernier la conserve dans son état d’origine, et préfère évidemment la louer (sans doute à gros prix) aux gens de Ford plutôt que de leur céder, pour une somme qui serait faramineuse. Comme quoi le mythe de l’agent Bullitt et bien sûr, de Steve McQueen, ne fait que prendre de l’ampleur avec les années…