Ford Shelby GT350 2016 : divine démesure
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La relation entre Shelby et la Mustang date des tout débuts de cette dernière. En effet, dès les débuts du joli pony car de Ford, Lee Iacocca, alors vice-président de la marque à l’ovale bleu, demande à Carroll Shelby de concevoir une version à haute performance. De nos jours, ces premières Shelby valent une fortune.
L’histoire se répète aujourd’hui alors que Ford propose à nouveau une GT350. En passant, si les premières Shelby (1965 à 1967) étaient construites dans les ateliers de Shelby, elles sont depuis bâties dans les usines Ford.
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La Mustang de base crache 300 chevaux. Comme base, on a déjà vu pire. L’an dernier, la Mustang a aussi eu droit à un quatre cylindres turbocompressé de 310 chevaux. On passe aux choses sérieuses avec la GT et son V8 5,0 litres de 435 chevaux.
Or, cette GT est royalement éclipsée par la Shelby GT350 dont le V8 de 5,2 litres produit 526 chevaux à 7 500 tr/min et un couple 429 livres-pied à 4 750 tr/min. La seule boîte de vitesses offerte est une manuelle Tremec à six rapports. Elle expédie la cavalerie aux roues arrière via un différentiel à glissement limité Torsen.
Flat-plane crankshaft… ça se glisse bien dans une conversation
Dès le contact établi (le bouton rouge est facilement repérable), la sonorité du moteur ne laisse planer aucun doute sur sa volonté de plaire au conducteur. Ford annonce avec emphase que ce moteur est doté d’un flat-plane crankshaft ou FPC. Ce type de vilebrequin, utilisé en course, amène davantage de vibrations mais, en revanche, est plus léger, prend moins d’espace qu’un vilebrequin ordinaire et peut tourner plus rapidement, d’où la ligne rouge du tachymètre à 8 250 tr/min, un chiffre anormalement élevé pour un V8. Dans un véhicule aux suspensions dures et au moteur très expressif, ce ne sont pas quelques vibrations de plus qui vont déranger!
À l’autre bout de la Shelby, on retrouve quatre échappements ronds dont la sonorité peut être exacerbée par une simple pression sur un bouton sur la console centrale. De la musique classique jouée par un orchestre symphonique dans une salle à l’acoustique parfaite. Voilà ce qu’est le son dégagé par la Shelby GT350 en pleine accélération avec l’échappement en mode Performance.
Entre le moteur et les embouts de l’échappement, la boîte manuelle est une autre pièce maîtresse de la GT350. Son embrayage est ferme et demande une certaine période d’adaptation, tout comme il faut apprendre à jouer avec le pédalier avant de bien réussir la technique du talon-pointe. La course du levier est très courte et parfaitement précise. Du grand art.
Selon l’ordinateur de bord, après une semaine (thérapeutique) au volant de la GT350, nous avions consommé une moyenne de 14,2 l/100 km. Selon mes calculs à la main (583 km pour 89,27 litres), j’arrive plutôt à une moyenne de 15,3 l/100 km. D’essence super, évidemment. Lorsque l’on prend en considération la puissance disponible, et plusieurs fois exploitée, cette moyenne est acceptable.
Pourquoi la vie n’est-elle pas parfaite?
Cette Shelby peut toutefois devenir frustrante… Quiconque ne va jamais sur une piste de course n’a rien à faire avec cette voiture. Oui, les accélérations sont jouissives, tout comme la sonorité qui les accompagne, mais il reste que sur les routes publiques, on ne peut exploiter qu’une infime partie de son potentiel. Et ceux qui ont le bonheur d’aller sur une piste sont mieux d’avoir les compétences requises pour maîtriser 526 chevaux et 429 livres-pied de couple.
Trop souvent, le réflexe du conducteur qui arrive sur une piste est de désactiver tous les systèmes de sécurité pour laisser libre cours à son talent. Erreur. Oh, je ne m’adresse pas à toi qui me lis en ce moment. Non, toi tu sais piloter! Les autres, par contre…
En tout cas, moi, je ressors toujours frustré d’un essai d’une voiture comme la Shelby. J’aimerais tellement pouvoir l’exploiter à son maximum. J’ai beau me dire qu’elle est bien plus docile et prévisible que la Shelby GT500 2007, cela n’améliore pas mon talent!
La tenue de route, même en mode Confort, répond largement aux attentes. La direction est vive, précise et la caisse ne penche pas. En mode Sport, on note surtout que le moteur et la transmission adoptent un caractère plus violent. En mode Piste, toutes les réactions de la voiture semblent 10% plus relevées (un pourcentage déterminé de façon très peu scientifique).
Peu importe le mode, les Michelin Pilot Super Sport, 305/35ZR19 à l’arrière et 295/35ZR19 à l’avant, collent à la route pratiquement comme des slicks, ce qui implique qu’ils fondent quasiment à vue d’œil et qu’ils suivent très fidèlement le moindre cheveu tombé sur la chaussée. Plutôt frustrant sur une route secondaire en mauvais état, mais grandiose dès que l’on roule sur du billard. La suspension arrière indépendante a beau améliorer la stabilité, elle ne peut faire de miracles.
En ville, la Shelby s’avère tout de même assez facile à conduire. Et juste comme on commence à trouver l’embrayage dur, coincé dans le trafic matinal du pont Champlain, les pouces levés de deux jeunes enthousiastes dans une Accent gris et rouille 2004 ou 2005 rappellent au conducteur que sa voiture ne passe surtout pas inaperçue avec son capot doté d’une prise d’air, ses ailes élargies, ses jantes spéciales, ses pneus larges et, surtout, les deux bandes bleues.
C’est donc le cœur léger que le vieux monsieur de 54 ans s’amuse à donner des « coups de gaz », juste pour son plaisir et celui de ces jeunes gens qui ont le sourire fendu jusqu’aux oreilles et les pouces levés.