Mitsubishi Endeavor, un nouveau challenger
Avec l'arrivée récente du Mitsubishi Endeavor, un VUS de format moyen appelé à se frotter à des valeurs sûres et bien établies, on pourrait penser que l'on est en train d'assister à une reprise de la légende de David contre Goliath. Ce serait mal évaluer les adversaires en présence, puisque Mitsubishi représente une force non négligeable dans ce segment du marché, avec entre autres, plusieurs victoires au fameux rallye Paris-Dakar, et une réputation de robustesse bien établie sur d'autres continents.
Ce nouveau combattant présente une imposante calandre coupée à la serpe, et ses flancs presque verticaux échancrés par les larges passages des roues lui donnent l'allure d'un baroudeur bien aguerri, alors que les lignes de certains concurrents tendent à s'édulcorer avec les années. Même la galerie de toit, d'un calibre impressionnant, semble prête à recevoir la montagne de bagages nécessaires à votre prochaine expédition. La gamme se décline en trois versions bien équipées, soit une LS, une XLS et une Limited.
Habitacle généreux
On accède facilement à l'habitacle, autant à l'avant qu'à l'arrière, grâce à des portières de bonne dimension qui s'ouvrent généreusement. Les fauteuils à l'avant sont confortables malgré une assise un peu courte pour certains gabarits, mais ils offrent un support appréciable sur longue distance. À l'arrière, la banquette accueille confortablement deux adultes, et le passager du milieu ne criera pas « grâce ! » avant plusieurs kilomètres. Le dossier se replie facilement en proportion 60/40 mais la capacité de chargement demeure acceptable même lorsqu'il reste en place. Les dimensions imposantes du hayon dégagent une large ouverture pour y engouffrer des objets encombrants, mais sa lourdeur surprend sur un véhicule aux prétentions si bourgeoises. J'imagine l'hiver, alors que les cylindres d'assistance sont gelés. Heureusement, la lunette peut s'ouvrir individuellement grâce à des charnières. La visibilité est excellente sauf vers l'arrière, obstruée par le pilier « D » et un appuie-tête.
Le conducteur retrouve devant lui un tableau de bord agréable à l'oeil et facile à consulter. Le volant - d'un design affreux - a au moins le mérite d'inclure à sa partie postérieure des commandes redondantes pour l'excellent système de sonorisation Infinity sur la version Limited. Encore faut-il les découvrir, et ne plus les confondre par la suite. Un module au fini aluminium (plastique) brossé accroché au milieu de la planche de bord semble sorti directement de la chambre à coucher d'un ado. Il renferme la radio et le lecteur CD, de même que les contrôles pour le chauffage et la climatisation. Juste au-dessus, un petit écran vous permet, entre autres, d'évaluer le fonctionnement de la radio et de la régulation de la température de l'air, la consommation d'essence, et, bien entendu, la situation des points cardinaux par rapport à votre direction (on ne saurait s'en passer). Sa lecture est cependant parfois difficile en plein soleil. D'un côté plus pratique, tous les contrôles sont de dimensions généreuses, permettant même de les actionner aisément avec des gants durant la froide saison. Les espaces de rangement sont nombreux et de bonnes dimensions.
Performances très correctes
Pour tenter de ne pas être en reste face à la concurrence, l'Endeavor s'appuie sur un V6 de 3,8 litres libérant assez chichement 215 chevaux malgré son architecture moderne, mais un couple quand même considérable de 250 lb-pi à 3 750 tr/min. Il est associé a une boîte automatique à quatre rapports avec mode séquentiel qui s'acquitte très bien de sa tâche, s'appuyant à fond sur le couple abondant de son partenaire. Les performances sont très correctes, sans vous couper le souffle puisque le 100 km/h arrive après 8,9 secondes, en grande partie à cause d'une masse relativement légère. L'Endeavor utilise en effet le même châssis monocoque que la berline Galant, avec ses limites inhérentes à la garde au sol. La capacité de remorquage s'établit à 1 588 Kilos, mais ainsi lesté, le moteur manque un peu de souffle. Le Limited dispose de la traction intégrale, sans gamme de rapports courts, alors que le LS et le XLS, des tractions à la base, peuvent recevoir cette chaîne cinématique en option. Sa consommation demeure raisonnable, mais comme il carbure au super, le coût de l'essence risque de vous faire mal.
En dépit d'un centre de gravité assez élevé, et de pneumatiques de 17 pouces de ratio 65, l'Endeavor démontre un comportement routier de bon niveau, encore une fois relativement parlant, et s'avère peu sensible aux vents latéraux. Il conserve un bon équilibre même dans les courbes les plus serrées, et garde le cap sereinement. Son confort permet d'envisager de longs trajets sans appréhension, et l'habitacle demeure silencieux en toutes circonstances. Le freinage confié sur toute la gamme à quatre disques avec ABS et EBD donne entière satisfaction.
Bref, l'Endeavor accomplit sa mission comme un bon soldat, mais il lui manque un avantage déterminant face à des « ennemis » bien établis sur leur position, et qui connaissent le terrain comme le fond de leur coffre à bagages. La stratégie du « meilleur prix » pratiquée naguère par les Japonais et depuis leur arrivée, par les Coréens, pourrait sans doute lui procurer une certaine supériorité. Mais sa grille de tarifs ne laisse apparaître aucune différence substantielle par rapport aux demandes de la concurrence, et à mon humble avis, la guerre est loin d'être gagnée pour ce nouveau combattant.